jeudi 29 novembre 2012

Welcome to Bruntingthorpe

Bruntingthorpe est un aérodrome situé en Angleterre, dans la région de Leicester, à environ 1h de voiture de Birmingham. De passage dans cette ville le week-end dernier, j'en ai bien sûr profité pour faire un stop sur ce vaste aérodrome !

Cet aérodrome est à la base un aéroport militaire, qui a été ouvert en 1942 par la Royal Air Force (RAF). La base abritait le 29th OTU (29th Operational Training Unit ou 29ème unité d'entrainement opérationnelle). Son rôle était de former des pilotes au maniement des bombardiers multimoteurs. L'entrainement avait lieu à bord de Vickers "Wellington". La base restera utilisée jusqu'en 1957 par la RAF.

Vue de la base à la fin des années 50

1957 : le début de la Guerre Froide : l'US Air Force s'installe sur le "porte-avions naturel" que forme la Grande Bretagne et s'installe sur de nombreuses bases, dont Bruntingthorpe. La RAF évacue donc les lieux, les Wellington vieillissants sont remplacés par des B-47 "Stratojet" de l'US Air Force. Aucune unité n'est détaché en permanence sur la base, qui est utilisé comme "extension" de la base d'Alconbury. Concrètement cela signifie que Bruntingthorpe reste une sorte de poste avancé, mais que les moyens principaux (entretien et maintenance) restent sur Alconbury.

Pour pouvoir accueillir les "Stratojet", l'US Air Force va procéder à "quelques" réaménagements. Concrètement, les ingénieurs de l'air vont tout raser, y compris la piste de 1500 mètres. Des nouveaux baraquements et hangars en béton sont construits, et une nouvelle piste flambante neuf de 2500 mètres de long avec de belles fondations voit le jour. Le but est de pouvoir accueillir des bombardiers lourds si besoin.

La tour de contrôle bâtie par l'USAF
Le 100th Bomb Wing arrive des Etats-Unis en Août 1959 avec ses B-47 flambants neufs. Pourtant l'escadrille n'occupe pas la base très longtemps : avec la décision du général de Gaulle de quitter le commandement intégré de l'OTAN, et de demander le départ de toutes les troupes étrangères de France, l'USAF doit redéployer tous ses moyens en Europe. Le 100th Bomb Wing quitte donc la base, et est remplacé par le 10th tactical Reconnaissance Wing dès décembre 1959 ! L'escadrille est composé de RB-66B "Destroyers" utilisés comme avion de reconnaissance pour aller "sonder" les frontières soviétiques. A noter que sur les trois squadrons du 10th TR Wing, un seul était basé à Bruntingthorpe, les deux autres étant situés à Alconbury.

Vue de la base en 1945 (jaune) et aujourd'hui

Jugé trop chère à l'entretien, l'USAF part en Août 1962, et la base est fermée. Elle le restera jusqu'en 1973, où l'ensemble du site est racheté par Chrysler Motor, et devient piste d'essai pour les voitures et les F-1. Progressivement, Christler cède certaine partie du terrain, qui retrouve une vocation aéronautique (une belle piste de 2500 mètres quasi neuve capable d'accueillir des avions lourds ne court pas les rues !) Le site reste encore aujourd'hui une base d'essais de voiture. On y trouve même un atelier de réparation pour Ferrari et Maseratti !

Bruntingthorpe sera également le cadre en 1997 d'un test grandeur nature de détonation de bombes à bord d'un avion de ligne. Conduit par la FAA et le CAA (Civil Aviation Authority, l'équivalent anglais), le test consistait à faire détoner plusieurs bombes de tailles différentes à bord d'un avion de ligne pressurisé pour en mesurer les effets (conditions similaires à l'attentat de Lockerbie, mais aussi et ce n'est sans doute pas une coïncidence, au vol de TWA-800). Un Boeing 747-100 réformé d'Air France servira de "cobaye" lors de ce test. Des modifications permirent de tester différents systèmes de protections en kevlar pour tenter de protéger la structure de l'effet des explosions, avec un essai sur l'avion d'origine sans modification comme référence. Pour des raisons de sécurité, on ne connait pas les résultats précis des tests. On sait que le système à bien fonctionné, mais que l'avion à été détruit.

Mauvaise journée pour cet ex-747 d'Air France !

Des entreprises de sous-traitance et des ferrailleurs se sont installés sur les vastes espaces libérés au début des années 80. Un musée aéronautique voit le jour à la fin des années 80, le "Cold War Jets Museum" qui regroupe une trentaine d'appareils en 2012. Le musée abrite plusieurs appareils en état de rouler, dont un Handley Page "Victor" (qui fit d'ailleurs un mini-vol non contrôlé en 2009 lors d'un roulage à grande vitesse, heureusement sans dégâts). On trouve également, un "Nimrod" appareil de patrouille maritime, un "Comet" dont sera plus tard inspiré la Caravelle, ou encore plusieurs "Lightnings" ou "Buccaneers". On y trouve aussi d'autres appareils qui ne sont plus en état de vol, parmi lesquels un "Mystère IV" français. On y trouvait jusqu'en 2009 le dernier Avro "Vulcan" en état de vol, qui a depuis déménagé vers un aérodrome mieux équipé.

Comme à la maison ! On est acceuilli par un Mystère IV..repeint dans des couleurs bizarres, mais bon...au moins la cocarde est dans le bon sens ;-)

C'est ce musée que je suis allé visiter la semaine dernière, qui abrite entre autre le Super-Guppy n°1, le F-BTGV. J'ai également eu l'occasion de visiter les parties "déconstruction" aéronautiques qui sont également impressionnantes.

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